Voici un autre article d’une série dans laquelle nous mettons en vedette des membres de l’équipe de Santé Niagara et le travail qu’ils font à l’appui de notre réponse à la pandémie de COVID-19. Nous vous présentons Annie Lam, infirmière en évaluation gériatrique. Juin, c’est le Mois des personnes âgées.
Communiquer avec les personnes âgées atteintes d’une perte de mémoire et d’un trouble cognitif peut être difficile en temps normal. Or, c’est encore plus difficile quand il y a des restrictions comme celles qui sont en place durant la pandémie, déclare Annie Lam, infirmière en évaluation gériatrique à Santé Niagara.
Annie est membre de notre équipe du Programme d’évaluation gériatrique, qui aide les personnes âgées – à l’hôpital ou dans la communauté – qui sont atteintes de syndromes gériatriques comme des problèmes de la mémoire, des troubles cognitifs, le délire, la dépression ou des problèmes de mobilité. L’équipe est composée d’infirmières en évaluation gériatrique et de gériatres, c’est-à-dire des médecins spécialisés dans le soin des personnes âgées.
Ces professionnels réalisent des évaluations physiques, cognitives, psychosociales et environnementales afin d’optimiser la santé et le bien-être des gens en plus d’offrir un soutien aux aidants des patients, habituellement des membres de la famille ou d’autres proches.
Afin de protéger tout le monde pendant la pandémie, les visites en personne au Programme d’évaluation gériatrique en consultation externe ont été suspendues. L’équipe communique plutôt avec les patients et leurs aidants par téléphone pour les soutenir et rester en contact avec eux.
Qu’est-ce qui a changé au sujet de votre travail du côté consultation externe en raison de la pandémie?
Une partie de notre rôle consiste à assurer la gestion de cas par téléphone avec les patients âgés et leurs aidants. Toutefois, réaliser des tests normalisés par téléphone, comme les tests de mémoire, c’est un élément nouveau que nous avons dû apprendre et auquel nous avons dû nous adapter. Normalement, nous faisons passer ces tests en personne. Nous rassemblons les meilleurs outils possible, selon les données probantes, pour pouvoir faire ces tests par téléphone. Comme certaines personnes âgées ont une déficience auditive, il est difficile pour elles de bien entendre au téléphone. Par conséquent, quand on essaie de faire des tests et d’obtenir des antécédents détaillés, cela peut être pénible pour elles. Depuis le début de la pandémie, le Programme gériatrique régional de l’Ontario a également publié plusieurs ressources fondées sur des données probantes sur la façon de bien réaliser les tests cognitifs et d’autres évaluations gériatriques par téléphone.
Avez-vous utilisé la vidéoconférence avec les patients dans la communauté?
Le problème en ce qui concerne la vidéoconférence, c’est que beaucoup de nos patients n’ont pas d’ordinateur ni de téléphone cellulaire. Habituellement, nous comptons sur la présence des aidants familiaux pour faciliter l’utilisation de la technologie. Or, en raison de la distanciation physique et du fait que ce ne sont pas tous les aidants qui vivent avec leur proche âgé, il n’y a personne pour aider les patients à s’organiser en vue d’une vidéoconférence. Nous espérons utiliser ce mode de communication un jour, mais pour le moment, nous utilisons le téléphone parce que ça fonctionne bien. Les gens sont à l’aise avec le téléphone.
Quels conseils avez-vous à donner aux patients et aux aidants pendant la pandémie?
Il est important de rétablir une routine quelconque. Il est important pour tout le monde d’avoir une routine, mais surtout pour les personnes âgées. Servez-vous de la technologie à votre disposition, que ce soit FaceTime ou Skype, appelez vos proches ou allez leur rendre visite de loin, à une fenêtre ou devant la maison. Continuez à rendre visite aux membres de votre famille et favorisez les interactions sociales. Maintenant que le beau temps est arrivé, nous encourageons les personnes âgées et leurs aidants à sortir et à être actifs, en faisant du jardinage ou en allant faire une marche dans le voisinage tout en respectant la distanciation physique. Nous encourageons l’activité physique, car les recherches montrent qu’elle aide à maintenir et à améliorer la santé mentale et cognitive. De plus, assurez-vous de demander de l’aide si vous en avez besoin. Il y a d’excellents conseillers à des organismes comme la Société Alzheimer de Niagara et Soutien en cas de troubles du comportement en Ontario pour aider les gens à traverser cette période difficile.
Comment l’équipe du Programme d’évaluation gériatrique aide-t-elle les patients à l’hôpital?
Si un patient a des difficultés liées à l’âge, comme des troubles cognitifs ou le délire (confusion), notre équipe fait une évaluation et formule des recommandations visant à aider le patient et l’équipe multidisciplinaire. Nous travaillons avec d’autres membres de l’équipe de soins de santé pour les aider à soutenir les personnes âgées ainsi qu’à mieux comprendre et à mieux gérer les comportements réactifs au moyen d’approches axées sur la personne et de l’ajustement des médicaments. Nous collaborons avec les patients et leur famille afin de rehausser leur qualité de vie.
Quel est l’aspect le plus difficile du soutien des patients hospitalisés durant la pandémie?
Il y a deux grands défis à relever. D’une part, il faut porter l’équipement de protection individuelle, comme les masques et les écrans faciaux, ce qui rend la communication avec les personnes âgées plus difficile. En effet, comme la capacité d’utiliser le langage est une des habiletés que les personnes atteintes d’un trouble cognitif perdent, ces dernières comptent sur les signes non verbaux pour communiquer. Elles examinent attentivement les expressions faciales pour se rassurer. Comme nos yeux demeurent exposés, nous essayons d’être le plus animés possible. J’ai l’impression d’utiliser davantage le langage corporel pour m’exprimer. L’utilisation du toucher thérapeutique humain est aussi essentielle, par exemple tenir la main des patients ou leur tapoter l’épaule pour les rassurer. D’autre part, il est difficile de soutenir les aidants naturels. Comme beaucoup de ressources et de services ont été suspendus en raison de la pandémie, nous tâchons de faire preuve de plus de créativité pour trouver des façons de donner un répit aux aidants et de les inciter à prendre soin d’eux.
Quelle incidence l’interdiction des visites a-t-elle eue sur les patients dont vous vous occupez à l’hôpital?
Beaucoup des patients dont nous nous occupons ont un certain déficit cognitif et les visites de leurs proches leur procurent un grand confort. En tant qu’équipe, nous essayons de trouver des moyens de soutenir les patients le plus possible et de les rassurer s’ils éprouvent de l’anxiété, s’ils ont le moral bas ou s’ils ont des comportements réactifs. La collaboration entre tous les membres de l’équipe de soins de santé est indispensable pour assurer le soutien des patients et de leurs aidants. Tout le monde s’emploie assidûment à dresser des plans originaux pour fournir les meilleurs soins possible.
Quel est l’aspect le plus difficile de la pandémie sur le plan personnel?
C’est difficile de ne pas pouvoir aller voir mes grands-parents et passer du temps avec eux en personne. Nous pratiquons la distanciation sociale pour les protéger, mais nous nous sentons coupables de ne pas être avec eux. Je me demande sans cesse comment ils s’adaptent à la situation et comment ils vont sur le plan physique, mental et émotionnel. Nous leur parlons au téléphone et nous les voyons par la fenêtre, mais ce n’est pas la même chose sans la touche humaine, ne serait-ce qu’un câlin. C’est tout ce que nous voulons faire.
Comment décompressez-vous après le travail?
Je suis vraiment contente que le beau temps soit revenu, car je peux faire des randonnées et passer beaucoup plus de temps dans la nature. Le yoga m’aide à m’ancrer et à tout remettre en perspective. Les communications fréquentes avec ma famille et mes amis m’aident aussi à me détendre. C’est ce qui fait qu’on ne se sent pas seul dans tout ça.
Apprenez-en davantage sur le Programme d’évaluation gériatrique de Santé Niagara ici. On peut aussi joindre l’équipe en composant le 905 378-4647, poste 53013.
Ressources COVID-19 pour les patients et les familles
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